• Un regard

    Un regardNous sommes le mercredi quatre mars 2009.


    Je suis passé à la fac ce matin. J'y passe régulièrement ces derniers jours. Après l'occupation, le blocage. Que se passe-t-il dans leur tête, que souhaitent-ils au final? Je regarde la foule fatiguée qui n'a que peu de pep's face au froid. Seulement, une personne veut rentrer. Directement des gens se ruent sur lui. Est-ce la fatigue, l'éducation ou la recherche d'identité qui en assoiffe certains de violence. Face à cela, je vois plus de haine que de convictions pour un mieux. Y-a-t-il une idéologie derrière leurs attitudes, et laquelle? Je ne comprends pas grand chose. Je ne m'identifie pas à la foule même si je défends leurs critiques. Je ne me sens pas de légitimité de toute manière pour m'inscrire réellement dans leur « unité ». Ils n'en ont pas, c'est d'ailleurs leur problème. Je scrute les gens. J'entends les bribes de conversations. Un jeune homme de la sécurité incendie engrène son collègue pour faire monter la pression. Le collègue en question ne rentre pas dans le jeu. Il n'est pas belliqueux. L'autre, on m'en a parlé il y a quelques jours. Il aurait castagne un étudiant l'an passé dans le même contexte. Il y a des étudiants qui ont soif de casser tout et n'importe qui. Il faut que ça pète. Un nihilisme assez triste à l'orée de la vie. D'autres encore ont des convictions, savent ce qu'ils foutent ici. Certains ont même une assez grande connaissance des codes de ce genre de climat. Et puis il y en a qui zonent, ne savent pas ce qu'ils sont mais suivront en partie. Face à cela pour l'instant, aucune force de l'ordre. Mais il y a déjà des réticents. Quelques étudiants s'énervant; ils sont d'ailleurs à la base des dérapages; qui veulent à tout prix leurs cours ne comprennent pas ce qui se passe. La plupart se plaindront d'ici quelques années du monde dans lequel ils vivent. Mais sans engagement. Je suis assez triste, sans être surpris, de regarder cette désorganisation vide de sens. Le combat doit avoir lieu. Il faut s'opposer à tout ce que propose le gouvernement pour détruire le semblant d'égalité en construction depuis longtemps. Cette réforme ne vaut rien, et ce sont ces réformes et leur programme qui sont à dénoncer. Personne ne s'unit. Trois manifs et j'ai à peine vu l'ombre du corps enseignant. Ils ne viennent même pas dialoguer avec les étudiants sur le campus ni même les aider à mettre en ½uvre leurs projets. C'est pourtant ça l'éducation: transmettre le savoir. Peut-être faut-il tout leur dire à eux aussi? Peut-être ont-ils besoin d'un programme, d'un ordre. Agir sous l'ordre et la contrainte! Pourtant les professeurs dénoncent aussi la manière dont se fait l'enseignement mais ils n'y changent rien au jour le jour. C'est au quotidien que l'on affirme nos valeurs. La désorganisation, c'est la manière dont tout se passe ici. Il y eut 10 000 ans plus tard. Quelques jeunes s'investissent et tentent. Toujours les mêmes. Il n'est pas évident de partir comme ça sur le chemin de bataille, avec une horde fixe qui ne s'inscrit pas vraiment là-dedans. Pourquoi les étudiants n'ont pas exploités ce collectif, amenés leurs idées...
    Au final, au bout de quelques semaines, rien ne se fait vraiment, tout au dernier moment. Avec le nombre d'étudiants et les différentes filières, il y a moyen de proposer de nombreux temps d'échanges riches et variés. Mais qu'en est-il? Hier, moment du repas, le soir, après quelques images des informations télévisées, on passe des vidéos de manifs violentes avec des musiques psychédéliques en fond. Une soif de violence de la part de certains et l'envie de la propager au plus grand nombre. Y-a-t-il un rêve? Ont-ils un rêve? Je veux dire, vraiment! Il est si facile d'être ANTI. Soyez, soyons POUR notre monde et contre le leur. Dessinons le notre pour pouvoir mieux contrer leurs attaques. Tout semble vide derrière ces quelques actes que certains aiment par dessus tout qualifier de RÉVOLUTIONNAIRES. Mais je sais qu'au plus profond, il y a vraiment des idéaux qui les animent mais que le contexte dans lequel nous grandissons nous amène à focaliser sur les idées noires. Pendant ce temps là, on dit là-haut que « ça ne se voit pas », comme s'il n'y avait aucun problème de société. Pendant ce temps là, papa cherche du travail, maman essaye de faire les courses, les pairs payent leurs études (dites gratuites), et des frères sont reconduits aux frontières. Pendant ce temps là, tout va bien! Les « enragés » avec parmi eux quelques r.g. et indics en tout genre apportent de l'huile sur le foyer, ça va péter et on pourra fermer nos gueules lorsqu'ils nous la mettrons profond et à sec.

    Un regard, paru dans le torchon double 6/7

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